La vallée de la Punaru’u est un bassin de vie qui a beaucoup changé. Pendant longtemps le développement économique n’a pas pris pas en compte les désastres écologiques. Parfois ils sont irréparables, on ne pourra plus se baigner sous le pont de la Punaru’u par exemple. Parfois on peut envisager de réparer les erreurs du passé et, pour l’avenir, mesurer et réduire les impacts du développement.
1. Quels sont les grands changements responsables de la modification du paysage ?
La création d’un aéroport à Fa’a’a est votée par l’Assemblée territoriale, le 17 juin 1955. Il s’agit de s’appuyer, pour la construction, sur le récif frangeant qui est formé d’une large dalle corallienne à 40cm de profondeur.
L’opération de remblaiement va bouleverser la vie des riverains de Fa’a’a et de Puna’auia et occuper la majorité des hommes puisque les enrochements proviennent de la vallée de la Punaru’u. Pendant dix-huit mois, des convois de camions font la navette pour transporter rochers, galets, gravier et sable. Ils les prélèvent dans la rivière et ceux-ci rejoignent le chantier en défonçant la route sur dix kilomètres.
Les pierres des marae sont aussi emportées et les sites historiques et culturels répertoriés détruits.
Encore en 2012, on extrait plus de 62 000m3 d’agrégats pour toutes les constructions.
2. Quelles sont les ressources de cette vallée ?
La ressource en eau est importante. C’est la deuxième rivière importante de Tahiti. Elle alimente en eau potable, grâce à un captage géré par le syndicat intercommunal Te ’Oropâ’a, les communes de Fa’a’a, Puna’auia et Pâ’ea. Huit forages déclarés alimentent aussi les industries.
En 2012, on a pu utiliser 12 millions de m3 d’eau pour alimenter 70 000 foyers malgré le faible débit de la rivière qui est de 75litres/ seconde.
3. Quelles sont les industries implantées ?
On peut dénombrer 53 entreprises dans la zone industrielle de la Punaru’u. Elles génèrent plus de 70 milliards de chiffre d’affaire par an.
4. Que produit-on comme biens d’utilité publique ?
On peut classer ces ressources en trois groupes :
- les activités de commerce (imprimerie, habillement),
- les activités de fabrication (agro-alimentaire, énergie),
- les activités de maintenance (garage et réparation).
5. Ces industriels respectent-ils l’environnement ?
Depuis 1997, les industriels implantés dans la zone industrielle produisent des biens tout en respectant les règles de l’environnement. Les entreprises et les particuliers qui sont installés en dehors de cette zone ne respectent pas encore les règlementations définies dans la charte signée et continuent à dégrader le milieu. Nous espérons que le “Livre Blanc” éveillera les consciences.
Si la vallée se trouve défigurée par des projets de développement non maîtrisés, elle sera définitivement sacrifiée sur l’autel du progrès. Ce bien commun n’enrichira que des propriétaires soucieux de leur intérêt personnel.
6. Est-ce que la production électrique est importante ?
La production électrique de la Punaru’u peut fournir la moitié des besoins en énergie électrique de l’île de Tahiti, c’est le cas depuis le début de l’année 2013, grâce aux fortes pluies et en vertu du principe de « priorité hydro », 50 % de l’énergie est d’origine renouvelable.
Les auto-producteurs solaires ne représentent que 1% de l’énergie fournie au réseau. Les moteurs diesels «marins» fonctionnent au fioul lourd. En 2012, 75 000 tonnes de fioul ont été consommés (soit environ 77 millions de litres). Depuis 2012 ce fioul contient près de 2% de soufre qui est intégralement rejeté dans les gaz d’échappement sous forme d’oxyde de soufre gazeux (panaches bleus visibles).
En plus de cela, les immenses pylônes des lignes haute tension de la TEP qui distribue la production électrique ont à jamais défiguré le paysage.
7. Qu’est-ce qui a changé l’écosystème de la Punaru’u ?
Nous citerons plusieurs facteurs:
- Les travaux effectués sur le littoral : remblais, murs, enrochements divers, construction de la digue du musée.
- Les rejets de déchets : produits chimiques provenant des eaux usées non collectées encore et les rejets des travaux divers qui se sédimentent à 20 m de profondeur.
- Les inondations lors des fortes pluies qui déversent dans le lagon des végétaux et des boues provenant des aménagements d’habitats, des constructions de routes, des rivières dont les enrochements ne sont pas définis et des travaux d’assainissement aussi.
Autrement dit : la rivière ne charrie pas que de l’eau de pluie.
8. Quels sont les enjeux écologiques ?
Le code de l’environnement a classé en 1952 le site du Plateau Tetâmanu. D’autre part, la faune et la flore sont uniques. On a trouvé dans la vallée 9 espèces d’oiseaux menacés de disparition. La flore des hauts plateaux abrite des espèces originales et endémiques rares à Tahiti. Certaines de ces espèces sont protégées.
Cette vallée est menacée par l’urbanisation croissante et les espèces animales et végétales introduites qui sont devenues envahissantes (rats, escargots, bulbuls, merles, miconia).
Enfin, la faune aquatique est menacée. Les anguilles à cause du débit parfois insuffisant de la rivière ne peuvent plus remonter vers la source. Les gobies ne produisent plus de îna’a. Les crustacés ne peuvent plus réaliser leur cycle de reproduction.
9. Quelles protections ont déjà été mises en oeuvre ?
Pour réduire notre pression sur le milieu, des actions importantes ont déjà été entreprises.
Le service technique des eaux a établi un projet de distribution avec compteur pour réduire la consommation en eau. En 2013, il est prévu de poser 3000 compteurs.
Le service technique d’assainissement, avec des investissements européens très importants, a posé des canalisations pour collecter les eaux usées et les faire parvenir à la station d’épuration. Plusieurs phases ont déjà été réalisées depuis 2006. Certains particuliers dans des quartiers sont déjà branchés à cette collecte collective. Cela réduira d’autant les rejets polluant directement le lagon.
10. Que peut-on encore envisager pour protéger ce lieu ?
Le projet du “Livre Blanc” qui a été le fruit d’une concertation. Pour 2013-2030, il définit des axes de développement tout en respectant les enjeux écologiques.
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