Le plateau des orangers

Faire l’ascension du Tetâmanu pour aller cueillir les oranges est un sport difficile. Les oranges de  Tahiti  ont un goût particulier, celui de l’effort. Elles sont garanties biologiques puisqu’elles poussent sans engrais et sans traitement chimique. On paie donc la qualité et la rareté de ces fruits. Les oranges importées sont en effet cultivées de manière industrielle avec des pesticides divers et elles proviennent du Chili ou d’Amérique.  Mais les oranges du Tetâmanu ne suffisent pas pour satisfaire la consommation locale, la cueillette ne durant que 2 mois par an. On en produit environ 50 tonnes et on en importe 500 : dix fois plus !


1. Pourquoi cet endroit est-il  appelé Tetâmanu ?
Plateau de 400 hectares, à 600m de hauteur, Tetâmanu occupe la moyenne vallée de la Punaru’u. Lieu de refuge lors des guerres entre les chefferies, Tetâmanu était un réservoir de vaillants guerriers et signifie d’ailleurs en tahitien “frapper l’ennemi”.

2. Qui a introduit les orangers à Tahiti ?
Les oranges sont des agrumes comme les citrons, les mandarines, les clémentines et les pamplemousses. L’oranger a été introduit des îles Canaries par le capitaine James Cook en 1779. Cet arbre a connu un développement important au XIXème siècle.

3. Est-ce que les orangers ne poussent que sur le plateau Tetâmanu à Puna’auia ?
Au milieu du XIXème siècle, les orangers étaient très communs et  poussaient le long des routes et à l’entrée des vallées. De février à juillet, chaque district récoltait les fruits et les envoyait emballés dans des feuilles de pûrau au fare’ânani pour être exportés vers l’étranger par bateau. A partir de 1870, les arbres subirent des maladies et disparurent des plaines. Seuls les pieds en montagne furent épargnés.

4. Quel était le commerce des agrumes ?
L’archipel de la Société exportait environ 5 millions d’oranges par an vers la Californie en 1860. Les maladies ont ruiné ce commerce, et maintenant Tahiti importe ses oranges de Californie.  Le mandarinier fut introduit en 1845 par  Johnstone et le pamplemoussier en 1921 par Harrisson Smith. Le citronnier vert est originaire d’Asie.

5. Pourquoi n’y a-t-il plus d’oranges à Tahiti ?
Une maladie à virus, la tristeza, introduite en 1975 en Polynésie, atteint les agrumes et provoque la destruction totale des vergers. Seuls ont survécu les pieds d’oranger se trouvant dans des niches bien cachées sur les plateaux de la vallée Punaru’u, mais aussi dans celle de Maruapo ainsi que dans la vallée ’Orofero de Pâ’ea.

6. Depuis quand la cueillette est-elle devenue  une tradition à Puna’auia ? 
Un concours et une vente de fruits a lieu le dernier samedi du mois de juin dans les jardins de la mairie de Puna’auia depuis 1973. La cueillette se déroule en juillet et août. Les oranges sont vendues en glanes d’une vingtaine de  fruits, surtout au bord de la route de ceinture.
7. Quelles sont les paroles de la chanson  des porteurs d’oranges?
“Pehepehe hoi teie,
Faaineine tamarii Punaruu
No te tomoraa te anani
I nia te Tamanu.
Reo iti faateni o te apooraa
A haere i mua...”

8. Pouvez-vous citer un événement remarquable ?
Les premiers journalistes de L’ORTF, dont  Ahiti Roomataaroa  faisait partie, sont “montés au plateau” vers les années 70 et en ont fait un reportage.

9. Y a-t-il eu des accidents ?
On ne signale aucun accident mortel mais une stèle, à l’entrée de la Punaru’u, rend honneur aux  grands noms des porteurs d’oranges. 

10. Comment accéder aux oranges ?
Après  trois heures de marche  et d’efforts intenses, les personnes expérimentées  arrivent au refuge (pûhapa) qui a été construit en 1935. Il s’agit d’un fare qui peut abriter environ 200 porteurs d’oranges. Le refuge le plus récent a été construit en 2007.
Les étapes de la montée au Tetâmanu sont une ascension sans eau sauf pour le deuxième tronçon. Successivement on gravit Teti’ara’a’aito, Tevaipuna le ruisseau,  le marae de Tuatau pour arriver à Tevai’aere au milieu du plateau ;  et terminer le parcours à Tuvavapotopoto où poussent des goyaviers nains, Purauti’atahi, Veroia et enfin atteindre Tepa’ahua, le refuge. 

11. Pourquoi les cueilleurs d’oranges ont-il une bosse sous la nuque ?
 Cette bosse signifie que la personne a porté de telles quantités d’oranges sur son dos, en faisant basculer la charge d’une épaule à l’autre, qu’un cale s’y est formé. Cette bosse se porte comme une marque honorifique.

12. Peut-on atteindre facilement les orangers ?
Les orangers sont situés sur des plateaux : Terata, Fa’ata’a, Maraeti’a, Te’o’aha, Taufa’atea, Hoa’a...Les montées sont très raides et les versants très inclinés. Il faut atteindre les lieux secrets où se nichent encore quelques rares pieds d’orangers. La descente est encore plus dure.


  

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