1. Est-ce que l’embouchure est un lieu de vie important ?
La plupart des poissons et crustacés des rivières de Polynésie sont des espèces diadromes, ce qui veut dire qu’elles vont effectuer une partie de leur cycle de vie dans les eaux douces des rivières et une autre partie en mer. Compte tenu de ce cycle de vie particulier, les embouchures des rivières, et les estuaires sont des écosystèmes extrêmement importants pour la survie de ces espèces.
2. Est-ce qu’il y a des espèces qui vivent à la fois dans la rivière et dans la mer ?
Les espèces diadromes catadromes vivent en eau douce la plus grande partie de leur vie et quittent les rivières pour aller se reproduire en mer. C’est le cas des anguilles.
Les espèces diadromes amphidromes vont vivre et se reproduire en rivière. C’est le cas des gobies et de certaines chevrettes.
On peut voir trois espèces d’anguilles en Polynésie : Anguilla obscura (l’anguille sombre, Puhi vari), Anguilla megastoma (l’anguille de montagne, Puhi mau’a) et la plus commune l’anguille marbrée, Puhi pa’a.
On entend souvent parler des anguilles « à oreilles » en Polynésie. Les oreilles sont en fait les nageoires pectorales qui se développent lorsque les anguilles sont prêtes pour partir vers la mer, pour aller se reproduire.
4. Quel est le régime alimentaire des animaux de rivière ?
Les animaux des rivières ont des régimes alimentaires différents. Les anguilles sont omnivores opportunistes. Ce qui veut dire qu'elles sont capables de manger presque de tout lorsqu'elles en ont l'occasion et lorsqu'elles ont faim. Elles peuvent donc manger du pain ou des déchets alimentaires lorsqu'on les leur jette à proximité mais, dans des conditions plus naturelles, elles préfèrent chasser des proies vivantes. Les chevrettes sont détritivores, elles débarrassent le milieu des animaux morts et de certains déchets. Les gobies broutent le substrat et se nourrissent des algues et des dépôts se trouvant sur les galets.
5. Comment les anguilles se reproduisent-elles ?
Après avoir vécu plusieurs années dans les rivières, certains individus, mâles et femelles, quittent les rivières pour aller se reproduire au large (la zone de reproduction n’est pas connue de façon sûre). Quelques mois plus tard, durant la saison des pluies, les jeunes anguilles transparentes recolonisent les rivières après un long voyage de plus de 2 mois de nage dans l’océan.
Les femelles pondent plusieurs centaines d’œufs sur le substrat. Les œufs fécondés éclosent en eau douce et les larves sont entraînées par les courants en mer. Plusieurs semaines plus tard, les jeunes larves recolonisent le milieu d’eau douce pour y grandir et s’y reproduire. Ce type de cycle est observé chez les chevrettes (il existe plus de 15 espèces de chevrettes dans les rivières de Polynésie) et chez les poissons de la famille des Gobiidae (’Âpiri ou îna’a).
7. Est-il important que la rivière coule tout le temps ?
Ces cycles biologiques particuliers font que la grande majorité des espèces qui vivent dans les rivières de Polynésie vont devoir traverser l’estuaire dans un sens puis dans l’autre, au cours de leur vie. La qualité de l'eau et des habitats de ces zones sont très importants pour la libre circulation des espèces.
8. Que se passe t-il lors des fortes pluies ?
Les estuaires sont les zones qui reçoivent naturellement toutes les eaux de la vallée en amont. La qualité des eaux qui descendent de la montagne et la propreté des berges tout le long de la rivière, sont les garants d’une zone estuarienne propre et de qualité pour permettre la libre circulation de toutes ces espèces. Lors des fortes pluies en saison humide, l’ensemble des déchets laissés dans les rivières mais aussi sur les berges est emporté vers la mer et le lagon.
9. Est-il possible d’utiliser la rivière pour déverser les eaux usées ?
Beaucoup de déchets restent en bas de la vallée où les pentes sont moins fortes et s’y accumulent au fil des années. La dégradation de cette zone d’estuaire met en danger la capacité qu’ont toutes ces espèces (anguilles, îna’a, chevrettes) à coloniser les eaux des rivières.
10. Les espèces qui vivent dans les rivières sont-elles en danger ?
A plus ou moins long terme, les poissons et les chevrettes ne remontent plus dans les vallées. Entretenir les berges, ne rien jeter dans la rivière, laisser l’estuaire libre de tout passage permet alors à certaines espèces de poissons d’aller se reproduire en mer, aux chevrettes et au ina’a de remonter facilement les cours d’eau pour y grandir et s’y reproduire. En saison sèche, le débit de la rivière et la concentration en oxygène sont plus faibles. Certaines espèces moins résistantes peuvent alors mourir. Il est donc important de ne pas gaspiller l'eau lorsque les pluies sont moins abondantes. La vie de nombreuses espèces en dépend.
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