Les missionnaires


  Le pouvoir des missionnaires anglais au sein de l’Assemblée dura de 1819 à 1842, jusqu’à l’établissement du Protectorat. Ces missionnaires désiraient modifier le pouvoir  de Pomare II et promulguer de nouvelles lois connues sous le nom de « code Pomare». En 1824, cette monarchie fut transformée en monarchie constitutionnelle. En 1827, sous le règne de Pomare Vahine IV, un nouveau code divise le royaume en districts avec un chef à la tête de chacune des sept grandes divisions (5 à Tahiti et 2 à Mo’orea). Dans chacune, un tribunal, les to’ohitu, était constitué d’un juge et de 7 membres. Sous le Protectorat de 1847, la reine n’était plus compétente que pour les affaires tahitiennes internes. Ces deux institutions se maintinrent ainsi jusqu’à l’annexion par la France 

1. Pourquoi parler des missionnaires ?
Les premiers Polynésiens qui ont participé au culte donné en 1797 sur le pont du navire des missionnaires, le Duff, au large, entre Nu’uroa et Ta’apuna étaient des ’arioi de Puna’auia et aussi de Ra’iâtea. 

2. Où sont-ils arrivés ?
Les 18 missionnaires de la London Missionnary Society, L.M.S., arrivés le 5 mars 1797 à la Pointe Vénus,  se sont installés dans le fare construit à Mahina, quelques années avant,  pour James Cook. Plus tard, William Bligh vint s’y ravitailler en plants d’arbres à pain. Mais ces hommes de foi n’y sont pas restés.  Ils vivaient les conflits de l’époque.  La plupart sont repartis en Australie. 

3. Quels sont ceux qui sont restés? 
En 1817, Henri Nott décida de fonder à Mo’orea une station missionnaire.
L’Académie des Mers du Sud rayonna à ’Âfare’aitu et diffusa des textes imprimés en tahitien. En 1816 de nouveaux évangélistes arrivèrent pour enseigner à travailler les métaux, les charpentes, les bois de menuiserie, les tissus...

4. Quand se sont-ils établis à Puna’auia?
Ce sont le réverend David Darling  et  Robert Bourne qui s’installèrent en octobre 1819 dans deux grandes cases construites par le chef ’Utami. Ils baptisèrent Burder’s Point cette partie de Manotahi (Puna’auia)  en l’honneur du secrétaire de la L.M.S. Dès novembre, ils firent bâtir un temple, une école et y installèrent deux presses. Les premiers textes imprimés furent un abécédaire et la Lettre aux Apôtres.   

  5. Quelle influence la L.M.S. a-t-elle eue?
Ce n’est qu’en 1821 que les attitudes hostiles envers les missionnaires changèrent. La conversion de Pomare II l’établit dans son rôle de chef. Il contribua aussi aux traductions des livres de la Bible éditée en totalité en 1838. 

6. Est-ce que tout le monde s’est  converti ? 
Tahiti et Mo’orea se sont convertis en totalité. Cependant en 1824, la secte des Mamaia, conduite par les diacres Teao et Hue, prit naissance à Burder’s Point . Ils firent des rêves qui amalgamaient des croyances anciennes avec celles de la religion chrétienne. C’était une manière de contester les nouveaux pouvoirs établis, mais les adeptes furent considérés comme hérétiques. Ils se réfugièrent dans les vallées.

7. Quels sont les missionnaires qui faisaient partie de l’état-major des intellectuels?
Henry, Orsmond, Nott, Davies et Darling sont les historiens, les traducteurs et les linguistes qui ont publié des dictionnaires, des abécédaires, les ouvrages religieux et les textes dont on avait besoin dans les écoles. 

8. Pouvez-vous nous donner des précisions sur quelques dictionnaires ? 
Le premier dictionnaire bilingue anglais-tahitien fut imprimé par John Davies en 1851. Le dictionnaire français-tahitien de Mgr Tepano Jausen le fut en 1866. Un dictionnaire de la langue marquisienne fut publié en 1904 par Mgr Dordillon. Il faudra attendre 1973 pour que deux lexiques français-tahitien paraissent, l’un est l’oeuvre de Mai-Arii Cadousteau et J. Anisson et l’autre  de Yves Lemaître.

9. Les habitants ont-ils changé leur façon de vivre? 
Un code rédigé, après de longues discussions entre le roi Pomare II et les chefs et les missionnaires, fut adopté le 13 mai 1819. 
Ses 19 lois  définissaient les peines encourues pour tous les méfaits. Un important appareil judiciaire de 707 juges accompagnait ces lois et garantissait leur exécution.
Le système éducatif est inséparable de celui de la L.M.S. Les écoles de district, selon la loi de 1834,  devaient être fréquentées par les enfants. Les parents qui n’envoyaient pas leurs enfants à l’école étaient condamnés à un travail d’utilité publique de défrichage.  

10. Avait-on encore le droit de chanter, de danser ou de faire la fête? 
Les missionnaires avaient des principes très stricts et étaient choqués par beaucoup de comportements qu’ils voulurent réformer. 
Il était obligatoire d’aller à l’église le dimanche et interdit de travailler ce jour-là. Il était interdit de s’unir clandestinement car il fallait se marier religieusement. 
Les fêtes, les tatouages et les danses lascives étaient prohibés. 
L’amiral Bruat, en 1845, autorisera à nouveau les danses et les fêtes. 

11 .Quels sont les témoignages qui restent du passage des missionnaires ? 
Quatre tombes appartenant à la famille proche du revérend Darling, pasteur de la L.M.S., partagent un espace clos du cimétière de la Pointe des Pêcheurs.  Après la mort de sa femme Rebecca Woolston en 1857, Darling quitta Tahiti. Son fils John Adam Darling, qui collabora à l’établissement du protectorat et son épouse Roometua a Pohuetea, y reposent aussi.  A l’exception des tombes, on ne retrouve aucun bâtiment, ni temple, ni école de la mission de Burder’s Point, mais les missionnaires ont profondément transformé la société, lui donnant une religion chrétienne, une langue écrite...





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