Le surf à Sapinus


Hôrue en tahitien, holua en hawaiien, horu est une notion commune à plusieurs langues polynésiennes qui exprime, entre autres significations, la profondeur de l'océan que le creux d'une grande vague nous laisse entrevoir. C'est sans doute pour cette raison que par dérivation elle signifie aussi glisser sur une déferlante et aujourd'hui "surfer". Fa'ahe'e (c'est-à-dire faire glisser) est le terme le plus utilisé,’iri fa'ahe'e désignant le bodyboard. Ces passe-temps et divertissements polynésiens furent décrits pour la première fois par Banks  et par le capitaine Cook les 28 et 29 mai 1769. 

1. Quelle est l’origine du nom du spot Sapinus ?
 Sapinus, le nom de ce spot, était un endroit bordé de sapins ou plutôt de ’aito (Casuarina equisetifolia). Mais ces arbres de fer ont été depuis coupés et il n’en reste qu’un souvenir vague dans l’esprit de ceux qui y habitaient vers les années 1970.

2. Est-ce qu’il y a des conditions spéciales pour le surf ici ?
Ce spot magique de Puna’auia bénéficie d’un environnement exceptionnel.  Historiquement, le site de Sapinus connaissait un rivage sablonneux au moins six mois dans l’année. L’aménagement du lit de la rivière, dans les années 1960 et la digue de protection du musée de Tahiti et des Iles, construite en 1976, ont modifié le paysage et la façon de surfer puisque les galets sont maintenant présents en permanence, amenés dans les rouleaux sur la plage. Cette digue a été renforcée en 1998 par un enrochement   d’énormes blocs qui rend la pratique du surf  dangereuse.

3. Est-ce un spot facile d’accès ?
Dans ce lieu  uniquement accessible par des servitudes privées, les surfeurs se font discrets. La plupart habitent le quartier ou en ont été résidents et gardent leurs entrées dans les propriétés de copains. Sapinus est donc resté le jardin secret d’un groupe de jeunes évoluant dans un circuit fermé et confidentiel.

4. Est-ce que le surf est praticable par tous ?
Les “poussins” sont heureux de se retrouver dans la “piscine à vagues”. Petites et présentes tout au long de l’année, elles font le bonheur des jeunes qui attrapent leur surf en rentrant de l’école et viennent se rafraîchir en se laissant balancer dans 50 centimètres à un mètre d’eau. Les devoirs seront plus rapidement faits ensuite !
Les houles du nord ou du sud permettent aux adolescents et aux jeunes adultes d’aller soit du côté du cimetière quand la houle vient du sud, soit de se retrouver devant la passe quand la houle vient du nord. Les vagues sont alors d’une hauteur équivalente à celle de Hawaii.  C’est surtout tôt le matin des longs week-ends qu’elles sont attendues et chevauchées avec plaisir.
Enfin, près du récif, trois bowls lèvent des vagues monstrueuses que les surfeurs défient. C’est selon leur force, leur entraînement et leur forme que les adultes s’en approchent. Parfois, les vagues sont “bonnes” toute la journée, mais parfois elles sont capricieuses et s’affaissent. On plie bagage. Il y a autre chose à faire dans la vie, et les préoccupations du quotidien reprennent le dessus. On reviendra. 

5. Quel est le rêve du surfeur ?
“Vivre face aux vagues, cela donne du caractère. La vague attire, elle fait partie du réel. Elle gronde. On la remarque. Avant de partir au boulot, on la surveille. On regrette de ne pas vivre avec elle, lové dans sa force, mais les réalités détournent de ce plaisir, on se contraint à ne faire du surf que pendant ses moments de loisir.
Il n’en a pas toujours été ainsi. On se souvient de sa vie d’ado, des cheveux longs, de ses 14-15 ans, de la boucle d’oreille qui était le signe de reconnaissance et de ralliement entre copains. Côté mode, on ne porte plus la capuche ni le short en lycra. On ne traîne plus dans les fêtes ou au Café de Paris, la discothèque du Maeva Beach, jusqu’à plus d’heure. Cette époque est définitivement révolue. On ne fait plus de compétition la nuit et sans éclairage à chevaucher son skate-board un peu éméché”, selon le témoignage de Jean-Christophe Shigetomi.

6. Quand a commencé la compétition à Tahiti?
Elle est devenue un loisir bien organisé, il y a 40 ans. Le surf a connu ensuite ses compétitions.  Le club s’est constitué à Puna’auia, en 1972 et en 1994, il a créé sa compétition. Puis l’île de Tahiti est devenue, il y a 10 ans, un spot de compétitions internationales, à Teahupo’o.
On peut surfer toute l’année à Tahiti en se déplaçant autour de l’île.

7. Comment les compétitions s’organisent-elles ?
Les organisateurs ont  installé cette compétition sur le récif. Nous avons dû modeler l’échafaudage et l’adapter à la sculpture liquide et éphémère des vagues, à ces  monuments qui s’affrontent, se brisent et  portent le surfeur. Ce  projet a aussi trouvé ses sponsors.

8. Comment est née la Tap’s ?
Le Ta’apuna Surf Club est né en 1972. Membre de la Fédération Tahitienne de Surf depuis sa création, le Ta’apuna SC a pour rôle essentiel le développement du surf polynésien, l'encadrement des jeunes et leur évaluation afin de repérer les futures graines de champion de la glisse.
Le bureau du Ta’apuna Surf Club met l'accent sur la Ta’apuna Master, devenue Tap’s Master.  Elle a lieu chaque année en bordure de récif, à proximité de la passe appelée Ta’apuna. 
La Tap’s Master est devenue au fil des années un rendez-vous attendu par l'élite locale et par tous les fans de glisse.

Au même titre que les autres jeux et divertissements qui se pratiquaient sur l'eau ou sur la plage comme le tōtōie, le tītīra'ina, le 'aumoa, le pāuma, la pratique du hôrue participait à l'entraînement initiatique des jeunes gens issus des lignées de ari'i, de hiva et de toa.  Leur long apprentissage de la navigation consistait à mieux connaître et maîtriser les vents, les houles, les courants, la puissance des vagues pour faire glisser au mieux leur embarcation sur le ventre de l'océan. Le surf, depuis 2012, est une matière en option au baccalauréat en Polynésie.

Bodyboard Tahiti - SAPINUSprone cast (Episode 13) WESTERN fromsapinus prone on Vimeo.

Bodyboard Tahiti - SAPINUSprone cast (Episode 14) SLOW MOW fromsapinus prone on Vimeo.

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