Les artistes

On ne peut faire le relevé d’exhaustif des artistes qui ont peint Puna’auia. Nous en avons privilégié deux. L’un est devenu très célèbre, l’autre est connu des initiés. L’un recherchait l’âme tourmentée du passé, l’autre fuyait les horreurs du présent. Nous vous présentons un Puna’auia peu connu.

1. Comment Tahiti est-elle devenue une terre d’exotisme?
Tous les voyageurs du XIXème siècle soulignent que Tahiti n’est plus que l’ombre de la Nouvelle-Cythère décrite par les découvreurs. C’est pourtant à cette civilisation et à Loti, l’auteur fondateur de l’exotisme (1880), que Gauguin pense lorsqu’il envisage son voyage.

2. Qui est le Koke du PK 12 ?
Gauguin
Paul Gauguin (1848-1903) arrive en effet à Tahiti en 1891.  Il s’établit à Mataiea avec une jeune vahine, Teha’amana dite Tehura. Il repart en France en 1893 et revient en 1995.
Pour son second séjour, il choisit  de s’établir à Tahiti car sa santé lui cause des inquiétudes et il se fait soigner à l’hôpital de Pape’ete. Il ne s’éloigne que d’une douzaine de kilomètres de la capitale où il trouve des magasins et des tavernes. Il y mène une vie de plaisir.  Il s’était fait des amis pendant son premier séjour, un fonctionnaire passionné de culture polynésienne et des magistrats. On peut citer Jules Agostini, Edouard Charlier, Maurice Olivaint.
Il ne s’établira à ’Atuona, aux Marquises, qu’en 1901 où il mourut en 1903.

3. Où a-t-il vécu?
Il vécut 6 ans à Puna’auia sur un terrain loué à JF. Teissier face à Mo’orea. Il s’y fait construire une case ovale de style traditionnel entre le temple protestant et l’église catholique. Son ancienne compagne, malgré les cadeaux qu’il lui offre, le repousse à cause de son corps malade et couvert de plaies. Il trouve une nouvelle jeune vahine, Pau’ura a Tai, originaire de Puna’auia.
Il essaie de reconstituer le genre de vie qu’il mena à Mataiea mais sans succès.  Cette joyeuse existence lui coûte cher et il se trouve vite à court d’argent.

4. Où a-t-il peint?
C’est à la pointe Niute à Puna’auia que la plupart des tableaux océaniens de l’artiste virent le jour.
De son séjour, on peut retenir l’œuvre  sans doute la plus connue. : “D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?”  Il en a parlé dans de nombreux écrits : « Mon Dieu,  que c’est difficile la peinture, quand on veut exprimer sa pensée avec des moyens picturaux et non littéraires… J’ai voulu avant de mourir, peindre une grande œuvre que j’avais en tête, et durant tout le mois, j’ai travaillé jour et nuit dans une fièvre inouïe… Je crois que, non seulement cette toile dépasse en valeur toutes les précédentes, mais encore que je n’en ferai jamais une meilleure ni une semblable

5. Pouvez-vous présenter ce tableau?

C’est au photographe Henry Lemasson, parti de Pape’ete à bicyclette le dimanche 2 juin 1898 pour se rendre à Puna’auia que Gauguin explique la chronologie de l’ensemble. «  À droite, un enfant qui vient de naître, à gauche une vieille femme avec un oiseau symbolique, présage de mort prochaine. Entre ces deux extrêmes de la vie, une statue symbolisant la divinité inhérente à l’humanité. »
Ce tableau prévu pour près de 6m de long sur 3m de hauteur voulait avoir les dimensions de son atelier. En réalité, c’est le plus grand qu’il ait peint. Il se trouve à Boston mais ne mesure que 3,75 m sur 1,30m.


6. Qu’a-t-il trouvé à Puna’auia ?
C’est à Puna’auia que l’artiste ressentit les forces du mystère et du mal tapies dans l’âme polynésienne. Il a peint ce que personne n’a vu mais que certains ont vécu. Il a découvert la peur de l’inconnu.
Ses tableaux, qui aujourd’hui ne peuvent être achetés que par les riches collectionneurs, ont été peu appréciés à leur époque. Gauguin est resté un artiste pauvre et incompris de son vivant. 

Le Fare atelier de Paul Gauguin
pris par le photographe Agostini
7. Peut-on encore trouver une trace de sa maison? 
Sur les traces de Gauguin, le jeune Norvégien Bjarne Kroepelien, en 1918, décrit les restes de sa maison dans l’ouvrage Tuimata : « …personne ne pouvait espérer avoir une plus jolie vue. De la pointe, il pouvait voir la plage sur toute sa longueur des deux côtés, là où les cocotiers et les purau s’agitent tout le long du jour et où les vagues s’engouffrent dans la barrière de corail pour mourir sur le sable noir devant sa maison. » 


Nous en présentons une photo,  prise vers 1920. 

Cette route bordée d’une immense cocoteraie est aujourd’hui lotie, et ce sont des maisons et leurs murs de béton que l’on longe à présent. La maison de Gauguin a disparu tout comme les cocotiers. 


 8. Le voyage de noces d’un peintre prodige
En 1936, Wolfgang Wolff âgé de 26 ans fuit l’Allemagne nazie. C’est dans les bungalows de Rivnac qu’il produisit 38 dessins qui furent publiés en 1939 à New York. Ils croquaient la vie de Pape’ete et de Puna’auia. Mais à la déclaration de guerre, il fut, comme tous les Allemands résidant à Tahiti, interné au fort de Taravao puis sur le motu de quarantaine à Motu-Uta. Ce n’est qu’en 1948 qu’un visa lui permit de partir aux Etats Unis.
On garde de son séjour des peintures touchantes de la joie de vivre malgré les aléas de sa vie d’exilé (ci-contre 1937, plage de l’hôtel Rivnac).

9. Mais qui a peint la dame blanche?
La vallée du PK 16,5 à Puna’auia sera restée celle des lépreux pendant 38 années. Avant de créer le village de ’Orofara à Mahina, on installe les lépreux dans la vallée de Maruapo de 1874 à 1912. Une légende, celle de la dame blanche qui hante les lieux, est une des croyances qui prend sans doute son origine dans ce lieu d’exclusion sociale. Il valait mieux ne pas se hasarder  dans ce lieu car la rencontre de cette femme qui monte dans votre voiture et dont vous ne retrouvez plus la trace est racontée inlassablement par nos interlocuteurs.
Personne n’a peint la dame blanche même si elle hante notre imagination. 


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