1. Comment Tahiti est-elle devenue une terre d’exotisme?
Tous les voyageurs du XIXème siècle soulignent que Tahiti
n’est plus que l’ombre de la Nouvelle-Cythère décrite par les découvreurs.
C’est pourtant à cette civilisation et à Loti, l’auteur fondateur de l’exotisme (1880), que Gauguin pense
lorsqu’il envisage son voyage.
2. Qui est le Koke du PK 12 ?
Gauguin |
Pour son second séjour, il choisit de s’établir à Tahiti car sa santé lui cause
des inquiétudes et il se fait soigner à l’hôpital de Pape’ete. Il ne s’éloigne
que d’une douzaine de kilomètres de la capitale où il trouve des magasins et
des tavernes. Il y mène une vie de plaisir.
Il s’était fait des amis pendant son premier séjour, un fonctionnaire
passionné de culture polynésienne et des magistrats. On peut citer Jules
Agostini, Edouard Charlier, Maurice Olivaint.
Il ne s’établira à ’Atuona, aux Marquises, qu’en 1901 où il
mourut en 1903.
3. Où a-t-il vécu?
Il vécut 6 ans à Puna’auia sur un terrain loué à JF.
Teissier face à Mo’orea. Il s’y fait construire une case
ovale de style traditionnel entre le temple protestant et l’église catholique.
Son ancienne compagne, malgré les cadeaux qu’il lui offre, le repousse à cause
de son corps malade et couvert de plaies. Il trouve une nouvelle jeune vahine,
Pau’ura a Tai, originaire de Puna’auia.
Il essaie de reconstituer le genre de vie qu’il mena à
Mataiea mais sans succès. Cette joyeuse
existence lui coûte cher et il se trouve vite à court d’argent.
4. Où a-t-il peint?
C’est à la pointe Niute à Puna’auia que la plupart des
tableaux océaniens de l’artiste virent le jour.
De son séjour, on peut retenir l’œuvre sans doute la plus connue. : “D’où
venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?” Il en a parlé dans de nombreux écrits : « Mon
Dieu, que c’est difficile la peinture,
quand on veut exprimer sa pensée avec des moyens picturaux et non littéraires…
J’ai voulu avant de mourir, peindre une grande œuvre que j’avais en tête, et
durant tout le mois, j’ai travaillé jour et nuit dans une fièvre inouïe… Je
crois que, non seulement cette toile dépasse en valeur toutes les précédentes,
mais encore que je n’en ferai jamais une meilleure ni une semblable.»
5. Pouvez-vous présenter ce tableau?
C’est au photographe Henry Lemasson, parti de Pape’ete à
bicyclette le dimanche 2 juin 1898 pour se rendre à Puna’auia que Gauguin
explique la chronologie de l’ensemble. «
À droite, un enfant qui vient de naître, à gauche une vieille femme avec
un oiseau symbolique, présage de mort prochaine. Entre ces deux extrêmes de la
vie, une statue symbolisant la divinité inhérente à l’humanité. »
Ce tableau prévu pour près de 6m de long sur 3m de hauteur
voulait avoir les dimensions de son atelier. En réalité, c’est le plus grand
qu’il ait peint. Il se trouve à Boston mais ne mesure que 3,75 m sur 1,30m.
6. Qu’a-t-il trouvé à Puna’auia ?
C’est à Puna’auia que
l’artiste ressentit les forces du mystère et du mal tapies dans l’âme
polynésienne. Il a peint ce que personne n’a vu mais que certains ont vécu. Il
a découvert la peur de l’inconnu.
Ses tableaux, qui aujourd’hui ne peuvent être achetés que
par les riches collectionneurs, ont été peu appréciés à leur époque. Gauguin
est resté un artiste pauvre et incompris de son vivant.
Le Fare atelier de Paul Gauguin pris par le photographe Agostini |
7. Peut-on encore trouver une trace de sa maison?
Sur les traces de Gauguin, le jeune Norvégien Bjarne
Kroepelien, en 1918, décrit les restes de sa maison dans l’ouvrage Tuimata : «
…personne ne pouvait espérer avoir une plus jolie vue. De la pointe, il pouvait
voir la plage sur toute sa longueur des deux côtés, là où les cocotiers et les purau
s’agitent tout le long du jour et où les vagues s’engouffrent dans la barrière
de corail pour mourir sur le sable noir devant sa maison. »
Nous en présentons une photo, prise vers 1920.
Cette route bordée d’une immense cocoteraie est aujourd’hui
lotie, et ce sont des maisons et leurs murs de béton que l’on longe à présent.
La maison de Gauguin a disparu tout comme les cocotiers.
En 1936, Wolfgang Wolff âgé de 26 ans fuit l’Allemagne
nazie. C’est dans les bungalows de Rivnac qu’il produisit 38 dessins qui furent
publiés en 1939 à New York. Ils croquaient la vie de Pape’ete et de Puna’auia.
Mais à la déclaration de guerre, il fut, comme tous les Allemands résidant à
Tahiti, interné au fort de Taravao puis sur le motu de quarantaine à Motu-Uta.
Ce n’est qu’en 1948 qu’un visa lui permit de partir aux Etats Unis.
On garde de son séjour des peintures touchantes de la joie
de vivre malgré les aléas de sa vie d’exilé (ci-contre 1937, plage de l’hôtel
Rivnac).
9. Mais qui a peint la dame blanche?
La vallée du PK 16,5 à Puna’auia sera restée celle des
lépreux pendant 38 années. Avant de
créer le village de ’Orofara à Mahina, on installe les lépreux dans la vallée
de Maruapo de 1874 à 1912. Une légende, celle de la dame blanche qui hante les
lieux, est une des croyances qui prend sans doute son origine dans ce lieu
d’exclusion sociale. Il valait mieux ne pas se hasarder dans ce lieu car la rencontre de cette femme
qui monte dans votre voiture et dont vous ne retrouvez plus la trace est
racontée inlassablement par nos interlocuteurs.
Personne n’a peint la dame blanche même si elle hante notre
imagination.
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