1. Qu’est-ce qu’un troca ?
Le troca, Trochus niloticus, est un escargot de mer, un gastéropode comestible qui possède une qualité de nacre exploitable. Il peut atteindre 15cm de diamètre à la base de sa coquille.
2. Est-ce que le troca est un mollusque originaire de Polynésie ?
Il existe une espèce de troca indigène en Polynésie; mais, en 1957, le pays a introduit cette nouvelle espèce de mollusque afin d’exploiter sa coquille nacrée. En novembre 1957, 40 trocas en provenance du Vanuatu ont été installés sur le récif Teaiatea, près de la passe Vaionifa à Tautira, et en 1958, pour enrichir génétiquement le stock, 40 autres trocas en provenance de Nouvelle Calédonie ont été introduits sur les mêmes lieux. Puis, le Service de la Pêche a procédé dès 1963, à des dispersions dans toute la Polynésie française.
3. Où vit-il? Que mange-t-il?
Les trocas adultes vivent dans le lagon en arrière du platier récifal sur la dalle corallienne et les pâtés coralliens dans les zones peu profondes de la zone appelée "barrière récifale". Dans les lagons d'îles hautes, on les trouve aussi sur les tombants des récifs frangeants.. Les trocas se nourrissent de très petites algues qu’ils broutent à la surface du corail et des rochers.
4. Comment les trocas se reproduisent-ils?
Les trocas sont unisexués et peuvent se reproduire vers l’âge de deux ans, lorsque leur diamètre de base atteint de 5 à 7 cm. Ils peuvent vivre jusqu’à 15 ans. La ponte intervient tout au long de l’année. Pendant la ponte, les femelles libèrent plus d’un million d’ovules, qui sont fécondés par le sperme émis par les mâles. Les œufs fécondés donnent naissance à de très petits organismes flottants qui dérivent au gré des courants pendant 5 jours tout au plus, avant de se fixer sur une surface rocheuse. Moins d’une larve sur mille survit jusqu’au stade juvénile. En outre, moins d’un pour cent des juvéniles survit pendant les deux années ou plus qu’il lui faut pour atteindre l’âge adulte et la maturité sexuelle.
5. Combien de temps a-t-il fallu attendre pour faire la première récolte de trocas ?
Les mesures de gestion laissent les animaux se reproduire au moins une fois avant d’être récoltés. 14 ans après leur introduction en Polynésie, une première collecte de trocas a été réalisée. Elle a donc commencé en 1971, à Tahiti.
6. Comment récolte-t-on ces mollusques?
La pêche se pratique en apnée ou à pied sur la crête récifale à marée basse.
7. Quelles sont les ressources en nacre soumises à réglementation ?
En 2006, les coquilles de nacre provenant de la perliculture ont été de 2400 tonnes, celles des trocas de 108 tonnes et celles des burgaus de 2,5 tonnes. Les réglementations sont les délibérations n°88-184 AT du 08/12/1988
8. Comment s’accordent ces autorisations ?
Sur sollicitation des pêcheurs, la commune entre en contact avec la Direction des ressources marines et demande l’ouverture d’une campagne de pêche. Un projet d’arrêté est présenté en Conseil des ministres pour réglementer et surveiller la récolte. C’est le président du pays qui le signe. Des quotas fixant les modalités d’exploitation sont attribués : le lieu de pêche est indiqué, la période d’autorisation est restreinte, le poids des coquilles vides et nettoyées est fixé, la taille des coquilles doit être respectée. C’est par le journal aussi que l’on peut savoir où et quand ont lieu ces récoltes qui génèrent un chiffre d’affaire important, surtout dans certaines îles.
9. Quels sont les critères retenus pour l’exploitation ?
Pour ne pas épuiser les stocks et permettre au troca de se reproduire correctement, on attend qu’il ait atteint la taille de 8cm. La priorité concerne la qualité, c’est la raison pour laquelle on autorise la collecte des coquilles entre 8 et 11cm. Les meilleurs géniteurs sont les plus gros, c’est pour cela que les tailles de la pêche sont limitées au maximum à 11cm. Par exemple, un troca de 12,5cm pond 5 fois plus d’œufs qu’un troca de 9cm, sans compter que la nacre de ce dernier est de moins bonne qualité.
10. Qui peut participer à la collecte ?
Des comités de surveillance sont composés de pêcheurs et de représentants des communes concernées. Ils organisent la gestion rationnelle des ressources, répartissent les espaces et annoncent la durée de la collecte.
11. Est-ce que l’on peut vendre la chair de troca ?
Lors des campagnes de pêche, il est autorisé de consommer la chair de troca. Ces campagnes durent en général un peu plus d’un mois. La chair comestible représente environ 10% du poids de la bête.
12. Quand le burgau a-t-il été introduit ?
L’introduction du troca ayant connu un succès total, le burgau, Trochus niloticus, a été introduit, dix ans après. En 1967, 300 burgaus adultes, de plus de 1kg, ont été embarqués du Vanuatu sur le navire « Le Tahitien » à destination de Papeete. Malgré les mesures qui visaient à les maintenir en vie, le voyage durant 12 jours, seuls 42 burgaus vivants qui sont arrivés à destination. Leur adaptation dans les eaux de Polynésie a été réussie.
13. Où les a-t-on introduits ?
A leur arrivée, ils ont été transférés en voiture puis en bateau jusqu’au récif de Tautira, à proximité du lieu d’introduction des trocas, 10 ans plus tôt. Mais ils ont eu une progression de peuplement plus lente. Pour améliorer leur implantation sur la côte Ouest de Tahiti, on a transféré des géniteurs de Tautira vers Papara en 1976, et c’est vers 1980 que les transferts inter-îles ont commencé.
14. Existe-t-il un braconnage commercial de la chair ?
A cause de la raréfaction des mâ’oa Turbo setosus, la chair de ce turbo géant est découpée en morceaux et les coquilles sont vidées sur le lieu de pêche. Bien que la pêche soit bien encadrée par une réglementation, les coquilles font aussi l’objet d’un commerce illégal.
15. Est-ce rentable de collecter des trocas et des burgaus ?
L’impact de ces transferts semble être une réussite. Le kg de coquille de troca est vendu en 2013, environ à 300XPF. De plus, à Tahiti et dans les autres îles, de nombreux artisans utilisent les coquilles entières polies ou gravées ou ils les transforment en bijoux.
Les ressources de la mer semblent inépuisables, mais elles ne le sont pas. Pour les îles ayant été vidées de leurs réserves de nacre provenant des huîtres perlières, il a fallu trouver une autre ressource d’exportation en Polynésie française. Le troca et le burgau ont donc été introduits pour la commercialisation de leur nacre, qui est surtout utilisée par l’industrie des boutons. De nos jours, seule la confection de luxe utilise de tels boutons ; les boutons ordinaires étant en plastique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire